Je suis arrivée dans la vallée de Massat durant l’été 1985 par accident alors que je voyageais à travers l’Europe. J’ai atterri à Biert et trouvé un logement au-dessus de la mairie. Pendant 3 semaines, je passais mon temps à marcher, dessiner, enchantée par le village, le son des cloches de l’église, et la lenteur du mode de vie. Avec mon cahier de croquis, vers midi, je déambulais souvent dans les rues désertées du village avec comme seule présence des chiens étalés au sol, endormis, des poules, des chats…et le son des fourchettes raisonnant sur la vaisselle, des familles réunies autour de la table et quelques rires.
Tous les matins et en fin d’après-midi, je regardais la procession des vaches marrons qui passaient devant ma fenêtre suivi du maire bien élégant et digne avec son béret. J’adorai cette vie de village. Quand le moment était venu de quitter l’appartement, j’ai par bonheur trouvé une vieille grange à louer dans les montagnes au dessus de Biert. Ces mois d’automne passés là-bas font parti des meilleurs moments de ma vie. J’y ai exploré la montagne, lavé mon linge dans l’eau glacée du lavoir ... Ce fut des moments forts car je n’avais jamais expérimenté tant de simplicité. Je ramassais des châtaignes et les faisais griller sur le feu. Je me souviendrai aussi toujours de l’accueil et de la gentillesse des locaux. Quatre mois plus tard, à l’arrivée de l’hiver, je repartais chez moi à New- York.
Des dizaines d’années sont passées, j’ai eu des enfants, et voyagé à travers le monde. Je suis devenue sage-femme, j’ai habité et travaillé en Indonésie. Puis je me suis installée en Nouvelle Zélande, où j’ai travaillé avec des réfugiés et femmes émigrées. En 2005, j’ai déménagé à Londres, et petit à petit mes souvenirs d’Ariège surgissaient de plus en plus fréquemment. En 2006, je suis revenue à Biert avec ma famille. Que d’émotions! Et une inquiétude à l’idée que le village ne serait plus le même. Quelle joie quand j’ai découvert que peu avait changé! J ‘avais l’impression d’être de retour chez moi! Et c’est durant ce séjour que nous avons commencé à imaginer acheter une maison ici pour y faire notre vie. Avec l’aide de notre amie Djalla, nous avons trouvé une maison ‘derelict’ à Massat qui avait été vide pendant des années, bien qu’habitée par des chauves-souris. Son jardin était tout aussi oublié et rempli de mauvaises herbes…
Cela a pris 10 ans pour nous installer mais nous nous sentons vraiment chez nous ici maintenant. Il y a toujours du travail mais je trouve du temps pour m’occuper du jardin, faire des confitures, et continuer mes travaux artistiques. J’adore faire du vélo en montagne, m’endormir au son du hibou et des cloches des vaches avoisinantes. On continue de voyager, nos enfants sont éparpillés à travers le globe et on adore leur rendre visite. Nos activités artistiques et travail nous demandent de voyager, mais c’est toujours un plaisir de revenir à Massat.