Mai 1968 : Je suis pion à Foix et ça bouge chez les élèves.
Juin 1970 : Je suis viré du pionicat (trop de proximité avec les élèves).
Automne : Je n’ai pas vraiment envie de faire des études pour devenir prof. Elle est vraiment mignonne cette fille qui vit en communauté au dessus de Foix. Je me demande si je ne ferais pas mieux de … Ca y est, j’ai sauté le pas. A moi la fille, les chèvres, les jardins, la vie inventée, et vive l’anarchie!
1972 : la communauté explose !
Massat en 1972, comme si on allait au Far West en 1840 mais en plus facile: plein de maisons, de villages parfois, vides ou presque, prés et bâtiments en état (mais les résidents secondaires ont pris les plus accessibles).
Les indigènes locaux parlaient occitan (patois!) et français, étaient plutôt sympas et accueillants, surtout sur les hauteurs (ils nous prenaient pour des indiens, mais pas grave !). On n’était pas nombreux, les ‘péluts’ (les chevelus) en 1972 (dix sur le canton, 100 sur le Couserans). On méritait notre surnom et puis, au fil des ans, on nous a traité de hippies, de marginaux et enfin de néo-ruraux (incontournable!)
Moi je suis un archéo-néo! J’ai fait des trucs bien et collectifs, d’autres nuls et collectifs, des enfants, des jardins, du bois, des discours. N’ai pas brûlé des tas de billets de banque comme les anars de Barcelone en 36 (rien de bon ne peut venir de ces fichus billets, disaient-ils).
Je n’avais pas des tas de billets! J’ai fait les foins et les vendanges, élevé chèvres et abeilles, cueilli pommes et myrtilles, ramassé les patates, sorti du fumier, nettoyé des décharges sauvages, accumulé les bêtises, fait d’autres enfants encore et encore, suis devenu conseiller muni(cipal) de ses six poils (rigolait René de Jacques) et maintenant, tout petit retraité, je finis ma maison, m’occupe encore un peu des enfants et petits enfants et je voyage autour de ma maison et du monde en attendant l’amor!